En guise d’ouverture
Joël Fritschy

« Les analystes écrivent beaucoup et quand leur transmission ne relève pas de l’écrit, elle se trouve relayée par la frénésie d’échanges, d’élaborations orales qui les amènent à mettre en mots, à tenter de théoriser les trouvailles auxquelles ils se trouvent constamment confrontées. Cette activité, nous devons bien le reconnaître, pose le socle théorique et technique à partir duquel nous travaillons et auxquels nous ne cessons de nous référer. »
Jacques Hassoun, Actualités d’un malaise

 

Cette citation extraite du dernier opuscule inachevé de Jacques Hassoun pourrait figurer en exergue de ce nouveau congrès de la F.E.D.E.P.S.Y. La haute importance de ces Journées s’accorde avec les termes d’une politique de la psychanalyse au sens où durant ces trois jours vont s’échanger, se croiser des discours s’appuyant sur des expériences, des champs théoriques différents voire en provenance d’autres aires culturelles. Créer de nouveaux espaces théorico-cliniques, tel pourrait être un des enjeux de ce congrès dont le point nodal — eu égard à la diversité des thèmes abordés en rapport avec l’actuel et l’Histoire — pose la question d’une articulation du social et du politique à l’analytique. Il paraît bien difficile d’évaluer le moment historique que nous sommes en train de vivre car il y manque cet après coup nécessaire au travail de pensée, à l’opposé d’un Moi qui se perd dans le miroir aux alouettes du temps réel. De toute évidence — et les travaux présentés au cours de ces Journées le diront — les événements survenus tout au long du XXe siècle, les guerres, crimes et meurtres de masse, les
attentats à la vie, contre la pensée, le psychisme et la langue, le tour pris par les bouleversements sociaux, les modifications de valeurs qui paraissent pourtant fondamentales, donnent à la crise actuelle une dimension qu’il semble bien difficile de réduire à un simple retour aux dures réalités, après l’euphorie des « trente glorieuses »…

Analuein numéro spécial – novembre 2008