EDITORIAL
Hervé Gisie

« L’ennui, c’est la vérité à l’état pur. »
Jacques Rigaut
« L’uniformité fait craindre l’ennui. »
Théodore Leclercq
« Il n’y a de redoutable au monde que l’homme qui s’ennuie. »
Alain
« La barbarie plutôt que l’ennui. »
Théophile Gautier

Nous venons récemment d’assister à la commémoration des 20 ans de la chute du Mur de Berlin. Expositions, visites guidées, conférences, concerts, elle a donné lieu à de multiples initiatives en Allemagne qui ont culminé à la « Fête de la liberté » organisée à Berlin le 9 novembre au soir de
part et d’autre de la porte de Brandebourg.
Pourtant, nous le savons, bien d’autres « murs de la honte » subsistent de par le monde, d’autres
s’érigent. Immanquablement, d’autres ségrégations et frontières sont en gestation. Tous les jours, on entend déjà, au loin, le bruit des premiers coups de pioche ou des bulldozers. Ce sont bien les hommes qui font les frontières et les murs.
Associé au cortège de crises, de fracas, d’événements, de discours pour le moins inquiétants, se dégage ce sentiment d’être pris dans la toile d’araignée tendue et claquante de la catastrophe. Mais ce sentiment est-il finalement légitime ? La civilisation a connu bien d’autres pressions redoutables. « Il se peut que notre vision d’apocalypse, même traitée avec modération et ironie, soit dangereusement inflationniste.»

Analuein n° 13 – Décembre 2009 pdf