Conférence animée par le Dr André Michels, psychiatre, psychanalyste (Luxembourg)
26 novembre 2019 à 19h – Campus Limpersberg
Conférence animée par le Dr André Michels, psychiatre, psychanalyste (Luxembourg)
26 novembre 2019 à 19h – Campus Limpersberg
Voici la réponse de nos collègues au texte « La psychanalyse est une science à part entière ».
N’hésitez pas à nous faire part de vos remarques !
Jean-Richard Freymann, Président de la FEDEPSY
TRIBUNE. « La psychanalyse est une science à part entière »
Un groupe de psychanalystes répond à une tribune, publiée sur notre site, demandant de les exclure des tribunaux et de l’enseignement universitaire
Par Aspasie Bali (psychologue), Gorana Bulat-Manenti (psychologue), Jeannette Daccache (psychiatre) Gérard Pommier (psychiatre) et Dominique Roth (psychanalyste)
Publié le 28 octobre 2019 à 12h27
Plusieurs psychanalystes et psychologues ont souhaité réagir à la tribune publiée sur le site de « l’Obs » intitulée « Pourquoi les psychanalystes doivent être exclus des tribunaux ». Nous reproduisons leur texte ci-dessous.
« L’inceste, ça ne fait pas tellement de dégâts. » Ce docu dézingue la psychanalyse
Le lecteur de la tribune publiée dans « l’Obs » prend connaissance d’un réquisitoire. Les accusations qu’elle contient diffament les dizaines de milliers de cliniciens qui s’inspirent de la psychanalyse. En un siècle, cette dernière a conquis les esprits éclairés à travers la planète. Elle est, par exemple, reconnue comme une science d’Etat en Chine. En France, le vocabulaire freudien fait partie du langage ordinaire, comme le montre l’utilisation courante des mots comme « lapsus », « actes manqués », « refoulement », etc.
Si le lecteur impartial a connaissance des critiques formulées dans la tribune, que conclura-t-il à propos de la scientificité ? Il existe des « sciences conjecturales ». Entre autres, l’économie et les sciences politiques. Ces dernières ne s’appuient que sur leur propre épistémologie, et sur des algorithmes performatifs… Ceux qui nous contestent prétendraient-ils interdire l’enseignement des sciences conjecturales à l’université, sous prétexte qu’elles ne disposent pas des mêmes critères que les « sciences expérimentales » ?
Le savoir-faire du psychanalyste est une sorte d’art
Il faut ajouter que la psychanalyse n’est pas une science conjecturale. Sa méthode est d’abord expérimentale : elle est strictement cadrée sur ce que dit un patient singulier. Cette méthode, du divan et du fauteuil, libère la parole. La mise en série d’un grand nombre de patients dégage des invariants, réguliers et classifiables : névroses, psychoses ou perversions. Ces résultats permettent de faire des diagnostics, des pronostics et d’orienter la thérapeutique. La psychanalyse est donc une science à part entière. Elle n’a cessé de s’améliorer en fonction de ses résultats, selon les exigences rigoureuses de Karl Popper. C’est le cas par exemple à propos de l’autisme. On ne saurait reprocher aux psychanalystes les hypothèses qu’ils faisaient il y a quarante ans, lorsqu’ils étaient les seuls à s’occuper des souffrances de la première enfance.
La scientificité ne fait pas du psychanalyste un technicien. Laisser parler la singularité de chaque patient demande une formation longue et difficile. Son savoir-faire est une sorte d’art, au sens où l’on peut parler de l’art du chirurgien ou du poète.
Qu’est-ce que les « sciences expérimentales » ont apporté de nouveau ? Elles ne proposent rien de plus que des rééducations, qui sont souvent des recettes de grands-mères. Elles s’adjoignent les médicaments, et un usage dévoyé des neurosciences cherche à les justifier. Mais l’expérience dit pourtant que la parole précède la croissance de l’organisme : un enfant auquel sa mère ne parle pas meurt. Le célèbre neuroscientifique Pierre Changeux a montré que – sans l’audition de la voix maternelle – les neurones cérébraux périclitent et meurent. Du point de vue des recherches les plus avancées, aucun neuroscientifique honnête ne sait localiser l’aire de la conscience, ni où se situe le sujet dans le cerveau. Le dernier livre du Pr Dehaene ne propose qu’une hypothèse, qui repose sur un processus, et non sur une localisation. D’ailleurs, s’il fallait admettre que le cerveau est un ordinateur, cela ne dirait pas qui introduit le logiciel.
Les patients ne sont pas des souris de laboratoire
L’expérience ordinaire ne suffit-elle pas ? Le sujet de la conscience n’apparaît que lorsque quelqu’un s’adresse à quelqu’un d’autre, au moins mentalement. Le sujet n’est donc pas dans le cerveau, sinon dans la rétroaction de l’interlocution. L’imagerie cérébrale ne saurait photographier un tel processus.
Enfin, il est vrai que la psychanalyse ne prouve pas ses résultats grâce à des statistiques effectuées en double aveugle : les patients ne sont pas des souris de laboratoire. En revanche, la méthode freudienne s’appuie sur les innombrables témoignages de ceux à qui la psychanalyse a permis de vivre.
Quant aux solutions que proposent les sciences expérimentales, elles ont déjà un résultat, avec les pseudo-diagnostics du TDA/H et des « dys » testés chez les très jeunes enfants à l’école. Ils installent une ségrégation sous un prétendu couvert scientifique, alors que les causes sont le plus souvent culturelles ou familiales.
Qu’exigent les inquisiteurs ?
Régulièrement attaquée depuis son enfance, non seulement la psychanalyse renaît de ses cendres, mais de plus, le nombre de psychanalystes s’accroît d’année en année. Ils prennent en charge en première ligne la souffrance psychique, qui est la plus importante pathologie française. Cet énorme marché intéresse beaucoup l’industrie pharmaceutique. Sans diffamer, le lecteur impartial remarquera que Big Pharma tire profit de l’appel du 22 octobre. Par exemple, six millions d’enfants aux USA prennent de la Ritaline (ce médicament contient des molécules considérées comme des drogues).
En France, Freud est enseigné depuis les classes de terminales. Sa scientificité lui a accordé sa place à l’Université. Son enseignement devrait faire partie de la formation de chaque psychiatre et de chaque psychologue. Nous souhaitons une formation pluridisciplinaire, sans pensée unique. Nous ne sommes pas opposés aux rééducations, qui peuvent accompagner le traitement de fond de la souffrance psychique. La tolérance est nécessaire. Elle permettra aux recherches de progresser.
Les signataires :
Aspasie Bali, psychologue PhD, psychanalyste ;
Gorana Bulat-Manenti, psychologue PhD, psychanalyste ;
Pr Jeannette Daccache, psychiatre, psychanalyste ;
Pr Gérard Pommier, psychiatre, psychanalyste ;
Dominique Roth, psychanalyste
CAFER
Centre Apertura de Formation Européenne et de Recherche
Nous avons le plaisir de vous annoncer les programmes des prochaines formations du CAFER, à savoir :
– Jeudi 30 janvier 2020 :
« NO-LIMIT ! » ? Addictions aux écrans et enjeux des limites dans la psychopathologie de l’enfant et de l’adolescent (et de l’adulte).
– Jeudi 26 mars 2020 :
Boulimies, hyperphagies, excès. Cliniques et prises en charge.
– Jeudi 14 mai 2020 :
« Burn-out » et syndrome post-traumatique : mécanismes communs et distincts, prises en charge.
– Jeudi 11 juin 2020 :
« Haut potentiel », « TDAH », « Syndrome d’Asperger »… Entre diagnostic médical et engouement sociétal, quel rôle pour le médecin dans le repérage clinique de ces pathologies ?
Ces formations se dérouleront au CIARUS 7 rue Finkmatt à Strasbourg à 18h et peuvent faire l’objet d’une inscription à l’agence nationale du DPC.
Prière de consulter le site cafer-formation.com pour renseignements et inscriptions.
Programme : CAFER_LIVRET_A5
Par ailleurs CAFER propose des cycles de formation (hors DPC) :
– Formation à l’hypnose, sous la direction du Professeur Michel Patris
1e séance : mardi 14 janvier 2020 à 17h30 au local de la FEDEPSY
– Formation à la pratique de la psychoboxe, sous la direction de Richard Hellbrunn.
1e séance : jeudi 21 novembre 2019 de 14h à 17h30 au local de la FEDEPSY
Pour ces deux formations tarifs et bulletin d’inscription joints au présent mail.
Renseignements : SECRETARIAT DU CAFER
Tél 03 88 41 15 51 (lundi et jeudi) ou cafer.contact@gmail.com