À propos de la Révolution de 1968, Jacques Lacan était intervenu de la sorte : « Vous cherchez un maître, vous l’aurez… » ; à cette époque dominait encore la fin du Marxisme, les effets du fascisme hitlérien, les suites de Mao-Tsé-Toung, les leçons du stalinisme, … les effets du tribunal de Nuremberg etc.

De nos jours les référentiels se sont transformés, la guerre n’est pas loin, et nous dirions qu’il n’y a pas véritablement les profils de nouveaux Maîtres. Cependant, les tyrans dominent et les républiques tentent de faire contrepoids et de survivre.

Ces constats sont d’une grande banalité et on ne peut que se demander : ces « affaires de retraites » vont-elles réussir à déstabiliser complètement les divisions des pouvoirs ?

Il est, en tout cas, un nouveau mécanisme qui fonctionne individuellement et collectivement : il n’y a pas d’ordre des importances, tout est sur le même plan – la survie du monde et l’âge de la retraite sont sur le même plan. Qu’est-ce à dire sur le plan du refoulement ?

Comment fait-on pour que le leadership soit si attendu, dictatorialement et si craint ? A-t-on perdu le sens des nuances ? On se rappelle la chanson de Georges Moustaki : « Il est trop tard… Passe, passe le temps… » Il est trop tard…pour quoi ? Le « parlêtre » a déjà tout donné ? Les générations sont épuisées… N’a-t-on pas vu les guerres se mettre en place ? Étrange d’ailleurs : les « accords de Munich » sont souvent pris comme référence.

J’ai une interprétation qui vaut ce qu’elle vaut, dans le cadre du « colloque singulier ». Quand le mur du Son est franchi, plus moyen de trouver quelque sérénité. On ne sait jamais où sont les limites. À force de pousser les divisions du pouvoir, la démocratie « bégaie ». À force de délirer en famille, les complexes familiaux sont rudoyés.

Ce que le psychanalyste peut faire « en plus » du commun des mortels, c’est de repérer la portée de « l’automatisme de répétition », de voir à quel point les scenario de l’être parlant (« ledit parlêtre ») sont limités, et de chercher du Désir.

On pourrait se lasser à entendre le répétitif de chacun. C’est bien pourquoi, on peut mesurer à quel point la découverte de Freud a été et reste subversive. Et, à la manière de Jacques Lacan, on dirait : l’invention du Discours psychanalytique avec ses paramètres.

Une mauvaise blague : il ne se crée que dans la cure psychanalytique ! Diantre… Pas de faux-semblants, même s’il y a des analogies : par exemple la création poétique, ou les thérapeutiques par Le Verbe.

Et pourtant étrangeté, ce n’est pas trop difficile, dans nos rencontres, de repérer celui ou celle qui est passé par les fourches caudines de la psychanalyse. C’est ce que nous essayons de soutenir, depuis l’an 2000, à la FEDEPSY et à l’École Psychanalytique de Strasbourg.

Un succès inespéré et transgénérationnel, malgré le contexte hypnotico-suggestif et totalitaire, où la moindre technique suggestive ou mesmérienne peut avoir ses adeptes.

Cela a été possible, par une transition quaternaire de la clinique psychanalytique qui, contre vents et marées, se poursuit et ce, au-delà des personnages initiateurs.

Et la transmission se poursuit, étonnante, imprévisible, avec pourtant une constante : le désir de recherche et le souci de perdurer.

De mon côté, j’essaie de maintenir la pression… des pulsions freudiennes qui n’admettent pas les formes de lâcheté, difficiles à éviter. Il faut bien admettre que les « formes du clivage du sujet et les clivages du Moi » ont varié, et il existe une mythologie différente suivant les générations de psychanalystes. Ce sont ces mythologies que j’essaie de reconstituer dans mes enseignements.

Grave problème : derrière l’expression « discours de l’analyste » se cachent plusieurs « chevaux de Troie » qu’il nous faut dénouer :

  • le discours du patient ;
  • le discours analysant ;
  • les visées de la cure analytique ;
  • la reprise des discours théoriques ;
  • les effets sociaux entre ceux qui ont fait une psychanalyse personnelle.

Alors… il n’est peut-être pas trop tard.