Je suis tombé sur cette dialectique entre symptôme et sinthome et je n’en suis pas revenu.

Topologiquement il s’agit d’une dialectique complexe que j’inscrirais entre aliénation et séparation.

Il s’agit là d’un aboutissement premier des élaborations entre fin de cure et fin d’analyse, ce sur quoi Freud a buté et où Lacan a dû inscrire – dans le champ analytique – une nouvelle approche.

De manière quelque peu paradoxale, ces fins et ces finitudes butent sur des nouveautés contemporaines. On a quitté le bon sens d’une progressivité pour tomber sur le vide… de parole au moins. Et pourquoi ? Parce qu’avant tout on a perdu les différents niveaux de la parole et que l’on se contente des rudiments du langage.

Ne soyons pas trop étonnés que l’on se confronte à la dimension de l’acte plutôt que de l’échange, et que l’on se contente d’un petit plus de vérité, qui ne nous fait pas rêver.

C’est ainsi que la « faim de l’analyse » a changé d’appel et que les banalités de la verbalisation ne suffisent plus.

Nous étions nombreux comme analystes à rentrer dans des « disputations » autour des luttes entre la psychanalyse et la suggestion hypnotique.

Aujourd’hui le « combat change d’âme » (Victor Hugo), les « parlêtres » que nous rencontrons ont déjà franchi ces techniques. Et souvent aujourd’hui la question serait plutôt : « Comment créer du symptôme à partir de la somatisation ? »

La parole, par le biais du transfert, peut-elle créer du symptôme ?

Créer de la « faim d’analyse » c’est déjà atteindre une certaine victoire par rapport au réel.

Après se pose la question des différents niveaux de discours où il existe une archéologie verbale qui mérite d’être dépoussiérée.

On ne peut que suivre Lucien Israël quand il différencie le « discours de désignation » et le discours signifiant.

La fin de cure aurait alors à voir avec l’évolution dans l’arbre des linguistiques. Jusqu’à quel point as-tu foré dans l’histoire de « lalangue » ?

On se perd en conjectures pour penser le changement de la structure.

On pouvait penser avoir réglé un problème structurel en abordant la place structurale ou structurelle du sinthome. Nous n’avions pas tort et Lacan nous en a laissé quelques indices.

J’ai fait le choix pour cette année, non seulement de nous confronter à Joyce mais aussi de donner la parole à Philip Roth, surtout à partir de Portnoy et son complexe mais aussi de Pourquoi écrire ? où il quitte la scène de l’écrivain.

C’est sept ans après qu’il meurt…

Comment l’humain peut-il accepter l’idée de sa mort prochaine ? Et la psychanalyse nous indique-t-elle quel est notre sursis ?

Je n’oublierai pas de parler de « Pourquoi la guerre ”contemporaine” » où l’être parlant supporte souvent les massacres, tout en mangeant son Mac Do.

Bibliographie :

S. Freud (1933), « Pourquoi la guerre ? », Résultats, Idées, Problèmes I, Paris, Puf, 1984.

H. Carrère d’Encausse, L’empire éclaté. La révolte des nations en URSS, Paris, Flammarion, 1978.

P. Roth (2017), Pourquoi écrire ?, Paris, Gallimard, 2019.

P. Roth (1975), Le Sein, Paris, Gallimard, 1984.

C. Soler, Lacan, lecteur de Joyce, Paris, Puf, 2015.

A. Camus (1945), Caligula, La Pléiade, 2006.

J. Clavreul, L’ordre médical, Paris, Seuil, 1978.

M. Safouan, Le transfert et le désir de l’analyste, Seuil, 1988.

J. Lacan, « Les sœurs Papin », dans Écrits ?