ÉPHÉMÉRIDE 1 – 7 avril 2020

Chers membres

Nous avons donc décidé d’utiliser l’écriture via le site pour provoquer un certain nombre d’échanges autour de l’actualité et autour des séminaires qui ont dû s’interrompre.

Pendant chaque période nous proposons une thématique qui devrait permettre de nombreux échanges, des textes spontanés ou des courriers…

Comme premier thème nous avons choisi le thème du livre de J.R. Freymann Amour et Transfert qui n’a pas pu être présenté à la Librairie Kléber. Vous trouverez l’introduction prévue de Marcel Ritter dans les lignes qui suivent ainsi que deux textes qui s’y associent celui de Cyrielle Weisgerber et de Martin Roth.

Les prochains thèmes proposés sont

  • Mythes, fantasmes et trauma
  • La pratique de la psychanalyse en période de crise
  • Les concepts fondamentaux de la psychanalyse

Merci de nous faire parvenir de courts textes ou échos aux différents articles proposés.

Par ailleurs, grâce à l’initiative de Cyrielle Weisgerber nous mettrons en place, à partir du mois de mai, des séminaires enregistrés que vous pourrez consulter sur le site.

Bon courage et à bientôt,

Jean-Richard Freymann, Marcel Ritter, Cyrielle Weisgerber, Martin Roth (5 mars 2020)

 

ÉDITORIAL de Jean-Richard Freymann

Edito  J.R. Freymann  7.04.2020

 

À PROPOS d’Amour et Transfert de Jean-Richard Freymann

Présentation d’Amour et Transfert rédigée par Marcel Ritter (intervention prévue à la Librairie Kléber le 28 mars 2020) 

Ephéméride 1 M. Ritter

Amour et transfert depuis l’enfance de Martin Roth 

Ephéméride 1 M. Roth avril 2020

 

À PROPOS DU CONFINEMENT

La psychanalyse au temps du “corona” de Cyrielle Weisgerber

Ephéméride 1 C. Weisgerber

En ce temps de confinement de Marcel Ritter

Ephéméride 1 M. Ritter

 

 

Des contes – Editions Oui’Dire

Chaque semaine, pendant cette période de confinement, le site des éditions Oui’Dire propose d’écouter sept contes racontés par des conteurs, sept récits en version intégrale avec l’autorisation des artistes :

https://lgode.od-sites.fr/

Cette écoute ne remplacera pas la présence vivante de la conteuse ou du conteur. L’art du conte est un art vivant, un art de la relation, relation à l’autre, à l’autre en nous, un fil qui se tisse entre les paroles du passé, du présent et celles à venir.

Les contes, paroles vivantes et nomades, ont traversé les siècles et les frontières sans papiers, transmis de bouche à oreille. Depuis l’aube de l’humanité, les femmes et les hommes se sont raconté des histoires pour se parler, se poser des questions. Pour rêver !

Dans la tradition, les contes ne se racontaient qu’à la nuit tombée et en hiver.

En ces temps de confinement, ces paroles de la nuit et de l’hiver peuvent nous réchauffer et nous éclairer. Quand les liens avec les autres risquent de s’effilocher, elles sont invitation à la rencontre et au voyage. Elles sont des huiles essentielles pour celles et ceux qui œuvrent pour la vie, à l’hôpital et en dehors. Elles nous accompagnent pour retisser ce que la vie défait. Elles nous récréent et nous recréent.

Ces contes sont une nourriture pour tous et peut-être davantage pour les grands que pour les petits…

Pauline Wagner

Documentaire sur Freud – ARTE – 6 avril 2020

 

En ces temps de confinement et d’introspection, pourquoi ne pas plonger dans l’histoire de la psychanalyse avec un documentaire sur Freud ?

Il s’agit d’une biographie d’un Freud plus intime avec pas mal d’images et vidéos

https://www.franceculture.fr/psychanalyse/regardez-freud-portrait-dun-juif-sans-dieu-et-revenez-aux-sources-intimes-et-politiques-de-la

Jean-Richard Freymann – Amour et Transfert

Jean-Richard Freymann
Amour et Transfert
Amour de transfert et amour du transfert
Arcanes-érès, 2020

Préface de Marcel Ritter

4e de couverture :
Repenser l’amour aujourd’hui est-ce un anachronisme ? Le rapport entre l’amour et le transfert reste une des questions centrales de la psychanalyse qui concerne aussi bien sa pratique que sa théorie. Sait-on que c’est par le biais du transfert analytique que résident la plupart des guérisons psychiques ? En effet, continuer à vivre c’est souvent la gageure d’un transfert dont les composantes mettent en lumière, « mehr Licht », l’inconscient et les mécanismes psychiques.

Dans ce troisième volet de son triptyque clinique – après L’inconscient pour quoi faire ? (Arcanes-érès, 2018), Les mécanismes psychiques de l’insconscient (Arcanes-érès, 2019) –, Jean-Richard Freymann met en chantier les rapports entre les différentes formes de l’amour et les portées inouïes du transfert sur le plan thérapeutique et sur le plan analytique.

Dans le monde contemporain, la dialectique amour et transfert prend de nouvelles formes singulières. Que peut-on faire aujourd’hui de la bisexualité fondamentale de l’être parlant ? Et comment comprendre chez les « psys » cet amour des formes de transfert ?

Jean-Richard Freymann est psychanalyste, psychiatre, praticien hospitalier au CHU de Strasbourg, chargé d’enseignements à l’université de Strasbourg (UDS). Il est président de la
FEDEPSY (Fédération européenne de psychanalyse), directeur de l’EPS (École psychanalytique de Strasbourg) ainsi que directeur scientifique des éditions Arcanes.
Préface de Marcel Ritter
Avec la contribution de Michel Patris, Liliane Goldsztaub et Guillaume Riedlin

Après chaque séminaire, les participants ont pu interroger Jean-Richard Freymann pour compléter le sujet traité. Pour chacun des chapitres de cet ouvrage, on trouvera les interventions en pièce jointe.

Interventions des « Discutants »
Séminaire 2019 :

JRF 2020 Amour et Transfert Interventions des discutants

 

 

Lettre ouverte à Madame Martine Wonner, députée de la 4e circonscription du Bas-Rhin

Psychanalyse et politique

Michel Patris

Cela n’a pas pu vous échapper, la Psychanalyse et les psychanalystes ont reçu les honneurs de la grande presse. Le Figaro et l’Express ont publié une pétition pleine de venin demandant entre autres l’interdiction de la psychanalyse à l’Université et dans les institutions soignantes.

Il se trouve que ma route a croisé jadis celle de Madame Martine Wonner, signataire de ce torchon. La même personne est actuellement députée du Bas-Rhin. Aussi je vous fais part de la « lettre ouverte » que j’ai rédigée à son adresse.

La psychanalyse en général et la FEDEPSY en ont vu d’autres. Notre Fédération et l’École Psychanalytique de Strasbourg prennent un « coup de jeune » en remodelant leurs rouages essentiels et en préparant la relève. Les « nouveaux » membres de l’agora et ceux sur le point d’y entrer, ne manquent ni de talent ni d’énergie. Localement, à Strasbourg, dans le Grand Est, et bien au-delà, la voix de la psychanalyse tient sa place dans la culture… sans s’égarer dans les débats partisans et les rivalités politiciennes. Le « un à un » reste fondamental. 

Lettre ouverte à Madame Martine Wonner, Députée de la 4ème circonscription du Bas-Rhin

Madame la Députée,

Permettez-moi de me rappeler à votre bon souvenir. Il y a quelques années, alors que j’étais encore en exercice à la Faculté de Médecine de Strasbourg, nous avons entretenu des rapports cordiaux et constructifs. Je n’ai pas oublié, entre autres, que vous avez soutenu la démarche du CAMUS (Centre d’Accueil Médico-Psychologique Universitaire de Strasbourg) que j’avais mis en place sur notre campus en 1994. Vous ne pouviez ignorer que ce centre avait une vocation psychothérapique et que ses consultants d’alors avaient, comme moi, une formation et une pratique se référant à la psychanalyse. Je me souviens aussi d’échanges sur la rareté des cliniques psychiatriques privées en Alsace et ce que pourrait être une clinique idéale animée par un « esprit psychothérapique ». Dernier rappel : convaincu de vos meilleures intentions vis à vis d’une psychiatrie « œcuménique », j’ai soutenu votre candidature auprès de la Commission Nationale de Qualification en Psychiatrie, dont j’assurais la présidence, et qui vous a accordé cette spécialité en 2006.

Quels n’ont pas été mon incrédulité première puis mon « ravissement » en découvrant que vous étiez signataire du plus médiocre pamphlet anti-psychanalytique que j’ai pu lire au cours de ma carrière. Sur un ton violent et autoritaire cette pétition égraine les préjugés, les insultes, les condamnations haineuses dont les psychanalystes sont la cible depuis plus d’un siècle. Je pense inutile d’entamer avec vous une controverse, d’autres s’y sont déjà attelés. À défaut de polémique, vous aurez droit à un petit cour d’histoire de la psychiatrie.

Aux diffamations pures et simples, il n’y a pas à répondre. Freud s’en est bien gardé. À titre d’exemple, quand le professeur Alfred Hoche (un des nombreux universitaires allemands militant dès le début du siècle dernier pour l’euthanasie des malades mentaux « incurables ») déclara le 28 mai 1910 au Congrès des aliénistes du sud-ouest allemand tenu à Baden-Baden « C’est une vraie épidémie psychique, ils (les psychanalystes) sont tous mûrs pour l’asile », Jung et Freud en plaisantaient.

La suite ne prête pas à sourire. Comme vous le savez, toutes les dictatures ont persécuté les psychanalystes. Contraints à l’exil, déportés, exécutés aussi (John Rittmeister a été fusillé par les nazis le 13 mai 1943). Les psychanalystes exerçaient dans la clandestinité sous le régime soviétique (j’en ai rencontré plusieurs lors d’un congrès à Moscou en 1989, les langues commençaient à se délier).

La dictature militaire qui a sévi en Argentine entre 1976 et 1983 n’a pas démérité (je vous recommande Le psychanalyste sous la terreur, Ed. Matrice, 1988.

Les américains, très « libéraux », sont parvenus à marginaliser les psychanalystes non médecins par le jeu des compagnies d’assurance, dont les grandes firmes pharmaceutiques sont actionnaires.

Tous ces faits passés et présents démontrent que quand les pouvoirs, politiques et financiers mêlés, s’attaquent à la psychanalyse, c’est un mauvais signe pour la démocratie.

Ne vous en déplaise, la psychanalyse est vivante. À Strasbourg la Clinique Psychiatrique Universitaire a su jusqu’à ce jour respecter la pluralité des « grands courants de pensée » de notre discipline. Les doyens de la Faculté de Médecine de Strasbourg ont durant mon exercice non seulement toléré mais pour certains soutenu et encouragé les enseignements se référant à la psychanalyse. La volonté affichée de chasser les analystes de l’Université fait injure à l’Université. Elle me fait honte pour ceux qui profèrent la haine avec une rage qui suffit seule à prouver que la psychanalyse touche au plus juste de notre condition… au risque de devenir insupportable.

Dieu merci, tous les élus ne partagent pas votre anathème !

Votre position d’élue du peuple français, vos liens avec l’Alsace et de ce fait avec notre Université auraient pu vous inspirer un minimum de retenue, quelles que soient vos opinions personnelles sur la psychanalyse. Vous ayant connue plus clémente et nuancée, je m’interroge sur votre ingratitude présente. Loin d’en faire une atteinte personnelle, je ne puis m’empêcher de repenser à ce que me disait un jour Lucien Israël « Si vous rendez service à quelqu’un, il est possible qu’il ne vous le pardonne jamais ».

Recevez, Madame la députée, mes très respectueuses salutations.  

Michel Patris

Visio-conférence au Brésil

Quelques nouvelles du Brésil

Le samedi 30 novembre de 14h à 16h nous1 avons, par « skipe », parlé psychanalyse avec nos amis brésiliens. Ils étaient environ 40 à 50 dans la salle de visio-conférences. Les thèmes abordés ont été la préparation du congrès, la psychanalyse et le politique, la psychanalyse et les politiques et notamment comment FEDEPSY travaille avec les politiques locales, la psychanalyse et les autres références quand elles sont vues par des psychanalystes qui ont des doubles compétences. Un tour des différentes types de formations et des différents publics à qui cela doit s’adresser ainsi que leurs enjeux pour la place de la psychanalyse a été discuté. Le fonctionnement de la FEDEPSY et le statut du compagnonnage ainsi que ses fonctions a été déplié. La place des objets de médiation ou transitionnel comme préliminaire à la psychanalyse a été évoquée. Les différents cartels existant ont été parlé. Nous avons répondu à un certain nombre de questionnements. Au décours de ce moment il a été convenu qu’un groupe du Brésil pourrait préparer une intervention pour le prochain congrès et que nous pourrions échanger avec eux d’ici là. A leur demande nous préparerons pour le prochain rendez-vous 3 thèmes :

  • Psychanalyse et la vie quotidienne

  • Ecriture et fantasme

  • Du statut du fantasme.

Le groupe brésilien se réunissent grâce à Pedro Braccini et Guillerme Massara qui organisent ces visio-conférences avec Jean-Richard Freymann

Liliane Goldsztaub

30 novembre 2019

1 Jean-Richard Freymann, Michèle Freymann, Liliane Goldsztaub, Phillipe Lutun, Carolina Spyer

VIes et VIIes journées de la FEDEPSY – Préparation

Ces journées se dérouleront en deux temps et s’adresseront

– au  printemps 2021 aux praticiens (médecins, psychologues, psychanalystes)

– au printemps 2022 aux gens de culture, aux politiques et aux étudiants des différentes universités de la Région Grand Est.

La Journée du GEP qui a eu lieu le 21 septembre 2019 a fait une large part à la préparation du congrès. Nous publions ici un texte des échanges qui ont eu lieu lors de cette journée

Journée du GEP et introduction aux VIes et VIIes journées de la FEDEPSY

 

Par ailleurs des séminaires de préparation se mettent en place

1. Traumatismes – fantasmes – mythes animé par Jean-Richard Freymann (à partir du 10/01/2020)

Cf. programme : Seminaire_Vendredi_2020

2. Psychanalyse et mythe animé par Martin Roth et Guillaume Riedlin (à partir du 12/11/2019)

Cf. programme : Psychanalyse et mythe PROGRAMME

 

TRIBUNE – La psychanalyse est une science à part entière

Voici la réponse de nos collègues au texte “La psychanalyse est une science à part entière”.

N’hésitez pas à nous faire part de vos remarques !

Jean-Richard Freymann, Président de la FEDEPSY

 

https://www.nouvelobs.com/justice/20191028.OBS20385/tribune-la-psychanalyse-est-une-science-a-part-entiere.html

 

TRIBUNE. « La psychanalyse est une science à part entière »

 

Un groupe de psychanalystes répond à une tribune, publiée sur notre site, demandant de les exclure des tribunaux et de l’enseignement universitaire

Par Aspasie Bali (psychologue), Gorana Bulat-Manenti (psychologue), Jeannette Daccache (psychiatre) Gérard Pommier (psychiatre) et Dominique Roth (psychanalyste)

Publié le 28 octobre 2019 à 12h27

Plusieurs psychanalystes et psychologues ont souhaité réagir à la tribune publiée sur le site de « l’Obs » intitulée « Pourquoi les psychanalystes doivent être exclus des tribunaux ». Nous reproduisons leur texte ci-dessous.

« L’inceste, ça ne fait pas tellement de dégâts. » Ce docu dézingue la psychanalyse

Le lecteur de la tribune publiée dans « l’Obs » prend connaissance d’un réquisitoire. Les accusations qu’elle contient diffament les dizaines de milliers de cliniciens qui s’inspirent de la psychanalyse. En un siècle, cette dernière a conquis les esprits éclairés à travers la planète. Elle est, par exemple, reconnue comme une science d’Etat en Chine. En France, le vocabulaire freudien fait partie du langage ordinaire, comme le montre l’utilisation courante des mots comme « lapsus », « actes manqués », « refoulement », etc.

Si le lecteur impartial a connaissance des critiques formulées dans la tribune, que conclura-t-il à propos de la scientificité ? Il existe des « sciences conjecturales ». Entre autres, l’économie et les sciences politiques. Ces dernières ne s’appuient que sur leur propre épistémologie, et sur des algorithmes performatifs… Ceux qui nous contestent prétendraient-ils interdire l’enseignement des sciences conjecturales à l’université, sous prétexte qu’elles ne disposent pas des mêmes critères que les « sciences expérimentales » ?

Le savoir-faire du psychanalyste est une sorte d’art

Il faut ajouter que la psychanalyse n’est pas une science conjecturale. Sa méthode est d’abord expérimentale : elle est strictement cadrée sur ce que dit un patient singulier. Cette méthode, du divan et du fauteuil, libère la parole. La mise en série d’un grand nombre de patients dégage des invariants, réguliers et classifiables : névroses, psychoses ou perversions. Ces résultats permettent de faire des diagnostics, des pronostics et d’orienter la thérapeutique. La psychanalyse est donc une science à part entière. Elle n’a cessé de s’améliorer en fonction de ses résultats, selon les exigences rigoureuses de Karl Popper. C’est le cas par exemple à propos de l’autisme. On ne saurait reprocher aux psychanalystes les hypothèses qu’ils faisaient il y a quarante ans, lorsqu’ils étaient les seuls à s’occuper des souffrances de la première enfance.

La scientificité ne fait pas du psychanalyste un technicien. Laisser parler la singularité de chaque patient demande une formation longue et difficile. Son savoir-faire est une sorte d’art, au sens où l’on peut parler de l’art du chirurgien ou du poète.

Qu’est-ce que les « sciences expérimentales » ont apporté de nouveau ? Elles ne proposent rien de plus que des rééducations, qui sont souvent des recettes de grands-mères. Elles s’adjoignent les médicaments, et un usage dévoyé des neurosciences cherche à les justifier. Mais l’expérience dit pourtant que la parole précède la croissance de l’organisme : un enfant auquel sa mère ne parle pas meurt. Le célèbre neuroscientifique Pierre Changeux a montré que – sans l’audition de la voix maternelle – les neurones cérébraux périclitent et meurent. Du point de vue des recherches les plus avancées, aucun neuroscientifique honnête ne sait localiser l’aire de la conscience, ni où se situe le sujet dans le cerveau. Le dernier livre du Pr Dehaene ne propose qu’une hypothèse, qui repose sur un processus, et non sur une localisation. D’ailleurs, s’il fallait admettre que le cerveau est un ordinateur, cela ne dirait pas qui introduit le logiciel.

Les patients ne sont pas des souris de laboratoire

L’expérience ordinaire ne suffit-elle pas ? Le sujet de la conscience n’apparaît que lorsque quelqu’un s’adresse à quelqu’un d’autre, au moins mentalement. Le sujet n’est donc pas dans le cerveau, sinon dans la rétroaction de l’interlocution. L’imagerie cérébrale ne saurait photographier un tel processus.

Enfin, il est vrai que la psychanalyse ne prouve pas ses résultats grâce à des statistiques effectuées en double aveugle : les patients ne sont pas des souris de laboratoire. En revanche, la méthode freudienne s’appuie sur les innombrables témoignages de ceux à qui la psychanalyse a permis de vivre.

Quant aux solutions que proposent les sciences expérimentales, elles ont déjà un résultat, avec les pseudo-diagnostics du TDA/H et des « dys » testés chez les très jeunes enfants à l’école. Ils installent une ségrégation sous un prétendu couvert scientifique, alors que les causes sont le plus souvent culturelles ou familiales.

Qu’exigent les inquisiteurs ?

  1. Que le tribunal pénal ou criminel soit expurgé de ses psychanalystes ! Mais enfin, un peu de sérieux s’il vous plaît. Jamais un juge ne fait appel à un psychanalyste. Le juge prend le conseil d’experts assermentés qui sont des psychiatres ou des psychologues. Il ne s’occupe pas de leurs références scientifiques : ce sont en règle générale celles de la psychiatrie classique (névrose, psychose ou perversion). Ce sont d’ailleurs les mêmes classifications que celles de la psychanalyse.
  2. Les signataires de la tribune du 22 octobre exigent également la proscription de l’enseignement de la psychanalyse à l’Université. Ils en appellent à l’autodafé des livres de Freud. C’est un bien triste souvenir. Les mêmes accusateurs publics se réclament de la génétique. Pourtant, dans une récente tribune du journal « le Monde », des généticiens aussi réputés que les professeurs Atlan et Testard ont déclaré qu’il n’existait pas de preuves génétiques de la souffrance psychique. Voilà une réponse aux affirmations de M. Ramus, signataire de l’acte d’accusation. Sa référence à l’eugénisme évoque, elle aussi, de bien mauvais souvenirs.

Régulièrement attaquée depuis son enfance, non seulement la psychanalyse renaît de ses cendres, mais de plus, le nombre de psychanalystes s’accroît d’année en année. Ils prennent en charge en première ligne la souffrance psychique, qui est la plus importante pathologie française. Cet énorme marché intéresse beaucoup l’industrie pharmaceutique. Sans diffamer, le lecteur impartial remarquera que Big Pharma tire profit de l’appel du 22 octobre. Par exemple, six millions d’enfants aux USA prennent de la Ritaline (ce médicament contient des molécules considérées comme des drogues).

En France, Freud est enseigné depuis les classes de terminales. Sa scientificité lui a accordé sa place à l’Université. Son enseignement devrait faire partie de la formation de chaque psychiatre et de chaque psychologue. Nous souhaitons une formation pluridisciplinaire, sans pensée unique. Nous ne sommes pas opposés aux rééducations, qui peuvent accompagner le traitement de fond de la souffrance psychique. La tolérance est nécessaire. Elle permettra aux recherches de progresser.

 

Les signataires :

Aspasie Bali, psychologue PhD, psychanalyste ;

Gorana Bulat-Manenti, psychologue PhD, psychanalyste ;

Pr Jeannette Daccache, psychiatre, psychanalyste ;

Pr Gérard Pommier, psychiatre, psychanalyste ;

Dominique Roth, psychanalyste