Il est étonnant d’avoir envie de résumer les apports du champ analytique, alors que la culture s’évanouit dans des savoirs éclatés. Comment se fait-il que le monde accepte « l’immonde » ?

Mythologies

Ce qui peut nous secourir, c’est bien de penser l’écart entre les générations par l’existence d’une « mythologie » spécifique suivant lesdites générations. C’est l’avenir de nos enseignements, et de notre congrès. Ce fameux écart entre le générationnel, entre les mots, et les modes de théorisations. Par moments, on pourrait s’adonner à quelque hilarité : en lisant des théories, même d’il y a dix années : incompréhension souvent !
Connaissez-vous la force du « discours ambiant » et d’une époque ? On parle facilement comme des « veaux » (voir Charles de Gaulle) en se conformant au langage à la mode (de chez nous).
Certainement, il y a une affaire de langue, voire de « lalangue » (Lacan), à savoir quelles jouissances à se conformer au discours des autres ?
Alors comment passe-t-on du discours… des autres, au discours de l’Autre ?
Quel est cet Autre que Lacan a importé de la philosophie ? Un but de cette « invention pompée », c’est d’en faire un lieu constituant.

Tranchant

L’avantage de l’âge, c’est de pouvoir un peu repérer qu’à chaque époque, il y a un génie ou autre, qui vient à trancher avec sa propre génération. Le génie, c’est celui ou celle qui bouleverse l’ordre des époques. Regarder les postures de Philip Roth, par rapport à son époque : ça coule… de soi. Portnoy est le reflet de son époque et, en même temps, il fait rire du contexte historique.
Autre exemple : quelle solitude, pour le père Freud, quand il s’est opposé au corps médical !…
J’ai connu (un peu) Jacques Lacan, dans ses dernières années de vie, où chaque mot dans son séminaire était un vrai accouchement. Quelle misère l’être humain : dans le passage de la misère géniale à la misère ordinaire du mortel (voir Anna O et le malheur ordinaire).
Contrairement à la banalité des propos négatifs et suicidaires, je pense que la psychanalyse nous permet « plusieurs vies ». On pourrait s’en justifier et il est bien dommage que le monde des pulsions soit aussi bien psychique qu’organique (somatique).
Alors plusieurs vies ? Comme dans les jeux électroniques ?

Discours analytique

C’est là notre grande ambivalence par rapport à l’invention du désir inconscient dans le discours analytique.
L’analysant n’y plonge pas facilement, et en sort bizarrement ; passons sur les méandres des acting in et des acting out.
On peut résumer la spécificité du champ analytique : « maintenir l’écart entre le ”Je” et le Moi », entre l’inconscient et l’inconscience. Créer un culte de l’écart. Qu’est-ce à dire ?
Comment penser aujourd’hui le « savoir inconscient » (S2) qui n’a rien à voir avec les savoirs ou avec les connaissances.
Pour les savoirs de tous les jours, adressez-vous à Google ou à quelque autre réceptacle. N’est-on pas conditionné par le fait d’appuyer sur un bouton pour « jouer le sachant », mais pour combien de temps ?
Le monde actuel dénie le temps et la temporalité. Preuve en est que, à l’endroit des fins de vie, on va mettre un dispositif religieux.

Déni du temps

Je n’avancerais que… inquiet dans ce dispositif, en essayant de différencier : Religio et le Religieux. Quelle banalité de se référer à la faux de la Mort ! Souvent repoussée, mais bien présente. Je n’ose pas évoquer les lectures dont je me nourris, où l’on attend les descendants du Roi David… il y a des débats où l’on ne se risquerait pas dans le contexte actuel. Et pourtant les jeunes générations vont devoir s’affronter à ces questions ancestrales : par exemple la Guerre.
La psychanalyse différencie la Réalité personnelle du Réel de Lacan. Et cela n’est pas une petite affaire.
Jusqu’à quel point la cure analytique permet-elle d’envisager autrement la fin de sa vie ?
Où en es-tu, dans ta capacité de respecter l’autre et l’Autre ? De plus l’environnement réactualise pleinement le « pourquoi la guerre ? ».
Alors quelle est la place aujourd’hui du « NAGUÈRE » ?
Le problème c’est que du silence face aux Morts. On a renoué avec le génocide de toute une génération (voir aussi 1914-1918 et 1939-1945, et les autres guerres) et là, il faut cultiver l’intolérable, même si l’on passe par le Un à Un. Cultivons l’individualisation, même si le collectif est devenu FOU.
L’heure est à créer de nouveaux Mythes ou d’écouter les nouvelles générations pour tenter de structurer l’Impossible.

Maître-élève

Rajout pour la nouvelle année :
Par exemple, il est un mythe qui en a pris un coup : c’est celui de la relation dialectique entre le « sujet » et le Maître.
Dans les institutions, quelle chute du sens de la hiérarchie des savoirs. On confond la prise de responsabilité avec l’envahissement du dictatorial.
Comme le disait Jean Clavreul : il faut retrouver du « courage ». Qu’est-ce à dire ?
« Wo es war… soll ich werden »